Dans la solitude des champs de coton

Théâtre du rempart

15h10

Dans la solitude des champs de coton

Théâtre contemporain Français

(à partir de 14 ans)

Durée 1h15

Du 3 au 21 Juillet 2024

Relâches les Lundis 8, 15 juillet

Une impossible rencontre, quelque part la nuit.

Deux inconnus tentent de conclure un deal la nuit au milieu de nulle part. Une lutte verbale et territoriale s’engage, chargée de défiance, d’incompréhension, de mépris. Un dealer veut vendre quelque chose à un client. Mais quoi ? On pourrait y voir une scène de drague, reposant sur l’esbrouffe. Univers underground, langage d’une maîtrise folle, Koltès agite les contradictions. Il nous parle de désir, de différence, de soif de rébellion. Le dealer cherche à créer une communication illusoire que le client refuse. Mais qui est en manque ? Qui est le véritable client ? Deux solitudes vont s’affronter à la vie, à la mort.

Cette pièce écrite par Bernard-Marie Koltès en 1985 pose des questions qui restent d’actualité. 

Il parle de solitude et d’échange.

Imaginez deux ennemis qui se rencontrent. Qui campent sur leurs positions. Qui s’enorgueillissent de leurs blessures. Que peuvent-ils échanger ? Partis de zéro, ils envisagent au mieux d’arriver nulle part. Les frôlements, les fausses confidences, les volte-face, peuvent faire penser à un Marivaux. Dans ce no man’s land de Koltès, où le rapport dominant/dominé, maître/esclave est sous-jacent, la possibilité de dialogue est en péril. 

Il parle aussi de l’étranger. 

Le conflit émerge dès que l’étranger traverse le territoire du dealer. La tension s’accroît. Avec les mots, on attaque, on riposte. On assiste à une danse rituelle féline érotisée pour conquérir un territoire. Chacun tourne autour de sa proie au point d’en être fasciné. Mais on entend aussi le silence dans la parole. Le combat inéluctable. 

Il parle surtout de désir. 

Le dealer est désir, il est l’ange de la mort, l’ange du Théorème de Pasolini, qui secoue et fait perdre tout repère. Face à lui, le nihilisme du client et la mort du désir, et le cri rimbaldien qu’il lance « il n’y a pas d’amour, il n’y a pas d’amour ».

Dans notre mise en scène, les personnages vont au bout de leur solitude dans un duel sans merci. Non sans ironie. Ils manipulent, mentent, méprisent à souhait, mais ne sont-ils pas finalement ébranlés par ce frottement à l’autre ? 

Un jeu intense, dans une atmosphère de fin du monde.

Auteur Bernard Marie Koltès

Mise en scène Alice Safran

Scénographie Olivier Meynard

Avec Charles Cadudal, Alice Safran

Production Théâtre de l’Oiseau-Tonnerre