20h55
La Mégère apprivoisée
Théâtre classique
Durée 1h30
Du 7 au 30 Juillet 2022
Relâche les Mercredis 13, 20, 27 juillet
Nous sommes dans les années 70. Que se passerait-il si un groupe d’individus atteints de troubles de la personnalité antisociale décidait, au sein de leur association, de faire du théâtre ?
Et si le hasard (ou le destin) amenait ces personnages à se confronter à une pièce controversée comme la Mégère Apprivoisée ?
Contraintes sociales et familiales, problèmes comportementaux, misogynie : des deux côtés du miroir, les mêmes troubles, les mêmes jugements se répondent. Le face à face entre ces laissés pour compte et cette œuvre ne se fera pas sans heurts.
Au départ, nous avons abordé la Mégère Apprivoisée avec prudence et retenue car encore aujourd’hui, elle ne parvient pas à se départir de cette réputation de pièce légère et misogyne. Pris hors-contexte, certains passages décrivent crûment l’implacable patriarcat en place et nous font assister à ce qui semble être le domptage d’une sauvage par un tyran phallocrate… mais ce ne sont là que des a priori car selon nous, le génie de Shakespeare réside dans ce trouble où ce qui semble être n’est finalement pas.
Les protagonistes Catarina et Petrucchio choquent par leur dissonance avec le système établi: ils affichent au grand jour leur nature profonde, contestataire et indélicate, et c’est cela qui dérange leur entourage.
Attachés à ce jeu d’apparences sociales ainsi qu’aux questions très actuelles soulevées d’emblée par le texte, nous sommes partis de là pour notre mise en scène. Notre Mégère Apprivoisée y est interprétée par des membres d’une association nommée le « Nid », qui s’occupe d’un groupe d’individus, les « oisillons », tous atteints de troubles de la personnalité au sens le plus large du terme: hypersensibilité, dépression, violence, impulsivité, boulimie, autant de complexes qui les rendent impropres à intégrer les normes sociales. Mais leurs qualités humaines les rendent extrêmement attachants.
Plus le spectacle se déroule, plus la frontière entre leur monde et celui des personnages de la pièce se fait ténue. C’est dans cet espace scénique, ce ridicule interstice que le miroir sociétal émerge, que les enjeux de la pièce se cristallisent et que le texte de Shakespeare trouve un éclairage nouveau, et surtout, fidèle à notre théâtre : empreint de joie et de partage. Car finalement, le rôle du théâtre n’est-il pas de pointer les dérives d’une société, pour ensemble la faire avancer ?
Mise en scène et adaptation: Paolo Crocco
Collaboration artistique: Luca Franceschi
Costumes: Cyrielle Goncalves
Décors: Yohan Chemmoul et Stefano Perocco di Meduna
Chapeaux: Bernadette Tisseau
Chorégraphies: Florence Leguy
Direction musicale: Stéphanie Varnerin et Jérémy Branger
Distribution: Laurie-Anne Macé, Thibaut Kizirian, Pierre Serra, Clovis Rampant, Noëllie Aillaud, Agathe Boudrières, Anthony Bechtatou et Emilien Audibert